L’association ALC a lancé il y a quelques mois les travaux du « Diagnostic Maralpin de l’exploitation sexuelle des mineurs aux fins de prostitution », en présence de la Sous-Préfète Patricia Valma et des différents décideurs des services en contact avec les jeunes victimes. Le but de celui-ci ? évaluer les dimensions, et les caractéristiques du phénomène sur le territoire maralpin.
Après plusieurs mois de coordination, de récolte des données et d’analyse, l’association ALC et Guillaume Coron, expert, ont présenté le 5 octobre 2023 la restitution de ce Diagnostic. En présence de la Sous-Préfète Jehanne Bensedera et des représentants de différentes structures en contact avec des jeunes potentiellement victimes.
Le projet INSIDE et le « Diagnostic Maralpin de l’exploitation sexuelle des mineurs aux fins de prostitution »
La prostitution des mineurs est un phénomène réémergent qui après avoir connu un taux d’augmentation s’est stabilisé pour finalement réaugmenter en 2022. Pour mieux lutter contre la prostitution des mineurs, le Gouvernement lance en novembre 2021, un plan interministériel porté par le secrétaire d’État chargé de l’enfance et des familles.
Ce plan a été déployé en 2021 et 2022 et repose sur 4 piliers : la sensibilisation et l’information ; le renforcement des repérages, à tous les niveaux, des jeunes impliqués ; l’accompagnement des mineurs en situation prostitutionnelle ; le renforcement de l’action judiciaire contre les clients et proxénètes.
Dans ce cadre, ALC, fort de l’expertise de son dispositif national de protection des victimes de traite des êtres humains (TEH) : Ac.Sé, de ses différents services de protection de l’enfance (milieu ouvert, MECS, Prévention, etc.), de son accompagnement des personnes en situation de prostitution, a été financé par l’Agence de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués (AGRASC) afin de soutenir le repérage et l’accompagnement des jeunes confrontés au phénomène de prostitution : c’est le le projet INSIDE.
Première étape du projet INSIDE : évaluer les dimensions, et les caractéristiques du phénomène sur le territoire maralpin.
Comment ? en réalisant un diagnostic à la fois quantitatif et qualitatif, soutenu par l’expertise de Guillaume CORON, expert technique qui vient de réaliser un diagnostic similaire pour la Région Ile de France pour le compte d’ECPAT France, et qui a vocation à mobiliser tous les secteurs : justice, ASE, police et gendarmerie, santé, Education nationale, tourisme dans la collecte des données. La précision et la qualité des résultats dépendra de la mobilisation de l’ensemble de ces acteurs.
Réalisé sur plusieurs mois, Christelle Bouali, Christophe Perugini, l’équipe INSIDE : Emilie DUROT et Prisca Maroni, et Guillaume C., expert technique, ont fait le point sur le phénomène lors de la restitution des résultats. Des données éclairantes sur les profils des mineurs : majoritairement féminins mais pas que ; 19% sans mesure de protection ; déscolarisés à 63% ; vivant en majorité dans des quartiers populaires ou défavorisés.
Certaines vulnérabilités spécifiques sont identifiées : celle de la minorité Rom par exemple. Tous et toutes ont connu des parcours traumatiques, souvent liés à des violences sexuelles, mais aussi des dysfonctionnement familiaux. Lorsque la réponse est connue, 80% de l’activité prostitutionnelle a démarré pendant la mesure de protection. Une activité prostitutionnelle majoritairement intermittente.
La perception des jeunes sur la prostitution des mineur.e.s a aussi été interrogée lors d’ateliers spécifiques. Ils auront été riches d’enseignements : sur leur expertise considérable, leur volonté d’en savoir plus, mais aussi sur les normes et inégalités de genre qu’ils ont eux-mêmes intégrées.
Les besoins des professionnels pour mieux les accompagner et les préconisations qui en découlent ont également été un axe majeur de cette restitution.
De nombreux échanges entre les personnes présentes (Département, Etat, Gendarmerie, OCRTEH, Education nationale, associations, hôpitaux, etc.), l’équipe ALC et Madame Jehane Bensedira, Sous-Préfète des Alpes-Maritimes ont suivi la restitution.
L’idée d’une instance de concertation afin de continuer d’avancer ensemble, a été évoquée par la Sous-Préfète.
Du plan de lutte contre l’exploitation sexuelle des mineurs de 2021 à la naissance du dispositif Inside :
En 2021 l’objectif du plan national de lutte contre la prostitution des mineurs est l’appréhension de ce phénomène. Ce plan a été renforcé par « la stratégie national de lutte contre le système prostitutionnel et l’exploitation sexuelle » en 2024.
L’Agence de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués (Agrasc) s’est appuyée sur l’expertise de l’association ALC et finance la création du dispositif Inside.
Un diagnostic maralpin mené par l’association ALC met en lumière l’expansion de ce phénomène dans le département des Alpes-Maritimes.
La Direction générale de la Cohésion sociale (DGCS) finance la poursuite du dispositif pour une durée de 3 ans.
1. L’accompagnement de 1ère ligne :
Mener les maraudes numériques (identification, filet de sécurité, perdu de vue), les permanences d’accueil et l’orientation vers les services de protection de l’enfance, hospitaliers, forces de l’ordre…
2. La prévention /sensibilisation :
Repérer et sensibiliser les mineurs à l’aide d’une stratégie ciblée et d’outils d’information et sensibilisation adaptés en fonction de leur niveau de vulnérabilité via l’animation d’ateliers de groupes d’experts et un kiosque d’information itinérant (manifestations, festivals, etc.).
3. La formation / conseil « capacity building » :
Contribuer à renforcer les capacités d’identification des situations d’exploitation sexuelle pour les professionnels et les bénévoles.
Le dispositif national Ac.Sé, coordonné par ALC, agit pour la mise à l’abri et l’accompagnement des personnes victimes de traite des êtres humains. Fort de 88 partenaires, ce dispositif a pour vocation de proposer un hébergement et un accompagnement éloignés géographiquement du lieu de résidence de la personne victime de traite en danger ou en grande vulnérabilité et agit comme pôle ressource auprès des professionnels en contact avec des personnes victimes.