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RESTITUTION DU DIAGNOSTIC MARALPIN DE L’EXPLOITATION SEXUELLE DES MINEURS AUX FINS DE PROSTITUTION

28 novembre 2023

Pourquoi ce diagnostic ?

L’association ALC a une expertise ancienne en matière de protection des victimes de la traite des êtres humains, en particulier avec le dispositif national Ac.Sé qu’elle pilote depuis plus de 20 ans. Parallèlement, son service spécialisé Les Lucioles réalise des maraudes en ville et virtuelles, et propose un accompagnement aux personnes en situation de prostitution et/ou victimes de la traite des êtres humains.

 

 

En 2020, l’équipe commence à recevoir des appels pour des mineurs en situation d’exploitation sexuelle. Sans avoir la possibilité de les mettre à l’abri dans un dispositif qui est dédié aux victimes adultes de traite des êtres humains.
Au même moment, l’exploitation des mineurs devient l’objet de politiques publiques ciblées comme le plan de lutte contre la prostitution des mineurs.

Pour répondre à ce phénomène émergent, il faut pouvoir le connaître précisément. C’est pourquoi la première phase (2022-2023) du projet INSIDE d’ALC, financé par l’AGRASC (Agence de Gestion et de Recouvrement des Avoirs Saisis et Confisqués), s’est fixée comme objectifs d’établir un diagnostic de l’exploitation sexuelle des mineurs aux fi ns de prostitution dans le département, mais aussi d’améliorer le repérage, la prise de contact et l’accompagnement de ces jeunes.

 

Un diagnostic multi-acteurs

Quel est le profil des jeunes victimes d’exploitation sexuelle dans les Alpes-Maritimes? Combien sont-ils ? Font-ils l’objet d’une mesure de protection ? Quand a démarré l’activité prostitutionnelle ? Qui sont les clients ?

Autant de questions auxquelles le diagnostic, dans son volet quantitatif, a voulu répondre. Les données sont venues de multiples acteurs : acteurs de la protection de l’enfance, de la Protection Judiciaire de la Jeunesse, de la santé, du Parquet de Grasse, de la gendarmerie, etc. Ils ont répondu nombreux à l’appel d’ALC.

 

Volet qualitatif du diagnostic

Des jeunes protégés par ALC ont également été questionnés sur leurs représentations de la prostitution et de l’exploitation sexuelle, lors d’ateliers participatifs.
L’objectif ? imaginer des actions de prévention sur mesure et non normatives, à partir des représentations des jeunes et de leurs vulnérabilités.

 

Profil des jeunes en situation d’exploitation sexuelle

36 jeunes ont été identifiés dans le cadre du diagnostic, un chiffre probablement en-dessous de la réalité. Ils/elles représenteraient près de 0,9% des mineurs protégés dans les Alpes-Maritimes, une proportion équivalente à celle du Département du Nord, très touché lui-même par le phénomène.
Ils/elles sont une majorité de filles (86%). Ils/elles viennent de quartiers défavorisés, mais aussi de quartiers résidentiels pour classes moyennes, dont près des trois quarts dans l’agglomération niçoise.

4 jeunes filles appartiennent à la minorité rom. 8 sont signalés comme étant en situation de handicap. L’âge moyen est de 16 ans. Les plus jeunes ont 14 ans. 69% sont en décrochage scolaire. Ils/elles font l’objet d’une mesure de protection pour 75% d’entre eux. Un quart d’entre eux ne fait apparemment l’objet d’aucune mesure de protection, ni de l’Aide sociale à l‘enfance ni de la Protection Judiciaire de la Jeunesse.
Beaucoup ont connu des violences sexuelles et/ou des dysfonctionnements familiaux majeurs.
Pour les mineurs pour lesquels l’information est disponible, l’âge moyen d’entrée dans la prostitution est de 14 ans environ, même s’il est de 11 ans pour 2 d’entre eux. L’activité prostitutionnelle de 85% des mineurs a été identifiée, et peut-être même démarré, pendant la mesure de protection, dont une partie importante au sein même des foyers de l’Enfance des Alpes-Maritimes.

Lorsque la réponse est connue, les professionnels relèvent que les mineurs présentent des conduites à risques d’ordre sexuel lors de leurs activités prostitutionnelles. Pour 67% d’entre eux, les activités prostitutionnelles sont associées à une consommation de produits psychoactifs, le cannabis et l’alcool en premier lieu. 83% des mineurs ne considèrent pas leurs agissements comme étant de la prostitution.

 

Et maintenant ?

Outillée de ce diagnostic, l’équipe d’INSIDE d’ALC poursuit les maraudes virtuelles pour repérer les situations, prendre contact avec les mineurs ou jeunes majeurs identifiés. Elle a commencé à être repérée par les organisations du territoire qui l’ont interpellée, afin de soutenir des équipes désarmées face à des situations d’exploitation sexuelle dans leurs établissements, avérées ou non.
Elle a commencé à intervenir, de manière complémentaire aux services référents des jeunes, afin de proposer un accompagnement et de trouver des solutions concrètes de mise à l’abri.

Mais l’action d’INSIDE, son équipe, ses moyens d’intervention doivent aujourd’hui être renforcés, afin d’être en mesure d’accompagner, de protéger et mettre à l’abri
ces jeunes ; d’agir sur le volet de la prévention auprès de l’ensemble des jeunes du territoire, et en particulier des plus vulnérables ; de soutenir et de renforcer l’action de formation des professionnels engagée par le Conseil départemental.

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